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MILAN SAN REMO 2013

MILAN SAN REMO 2013

MILAN SAN REMO par Maxime BOUET

Je n’ai jamais vécu un jour de course aussi froid. Les 80 premiers kilomètres de Milan - San Remo se sont déroulés sous une pluie bien frisquette, mais c’était tenable. Après, la route a commencé à s’élever petit à petit et c’est rapidement devenu insupportable.

 

Nous n'avons pas manqué de bravoure, nous étions littéralement congelés

 

Il neigeait à gros flocons, et on avait surtout extrêmement froid. La neige s’incrustait dans nos vêtements, ça devenait délicat de manœuvrer sur un terrain pareil : je devais avoir une couche de neige de quelques centimètres sur les roues. Alors qu’on s’approchait du Turchino, l’une des grosses difficultés de la course, les organisateurs ont pris la décision de l’arrêter, sachant que la route allait être impraticable.

 

J’ai lu sur les réseaux sociaux qu’on n’était pas très courageux de s’arrêter à cause de ces conditions météorologiques… Bon, je sais que ça fait partie des risques du métier que d’essuyer ce genre de commentaires, mais c’est quand même vexant. Nous, coureurs cyclistes, on s’entraîne de manière à être extrêmement affûtés, de façon à traîner le moins de poids possible. Résultat, on tombe à 5% de matière grasse sur le corps et on doit peser dans les 60 kilos. C’est sûr que quand on en fait 20 ou 30 de plus, le froid est plus supportable. J’invite donc ceux que ça tente de prendre notre place pour voir un peu si on manque de bravoure en annulant un tronçon de la course.

 

Parce que nous, nous étions littéralement congelés. Une fois montés dans les bus, qu’il a fallu attendre puisqu’ils étaient garés assez loin de l’endroit où la course a été suspendue, un de mes coéquipiers a failli s’évanouir. Il était pris de spasme. Moi j’ai pris une douche bien chaude, c’était incontournable.

 

À ce moment-là, je pensais que la course ne reprendrait pas, et franchement, c’était plus un soulagement qu’autre chose. D’ailleurs, quand la direction de la course a commencé à parler de reprendre la course à 130 kilomètres, je le dis sans honte, je ne voulais pas repartir.

 

Montrer que les cyclistes sont des guerriers

 

Du coup, le parcours a été redessiné. À la base, Milan - San Remo est la course d’un jour la plus longue de la saison. Une classique de 298 kilomètres. Là, après la modification du trajet, il y avait 50 kilomètres en moins, dont deux grosses difficultés du parcours supprimées. Le Turchino, parce qu’impraticable, et le col de la Manie, qu’on a enlevé pour arriver dans les temps, vers 17h-17h30.

 

Dans des conditions aussi dantesques, la question de l’abandon peut se poser sérieusement. C’est vrai qu’en plus les coureurs ne supportent pas le froid de la même manière. Certains résistent, d’autres pas et posent pied à terre (65 au total). Un des favoris de la course, Vincenzo Nibali, n’y a pas coupé et a abandonné, épuisé par le froid. Mais d’autres, pas forcément favoris sur ce parcours, ont redoublé d’ardeur en voyant que le Turchino et la Manie, difficiles à franchir, avait été supprimés. Je pense à quelqu’un comme Mark Cavendish, pas très bon pour franchir les cols.

 

Pour ma part, c’est vrai que je n’étais pas chaud pour repartir, mais en même temps, Milan - San Remo est une sacrée course, que j’affectionne particulièrement. Elle correspond à mes qualités. Et puis, c’était important de montrer ces images. Quand on voit comme on est critiqué à propos du dopage, je trouve que c’est le genre de scènes qui montrent que les cyclistes sont des guerriers. Dimanche, les forçats de la route étaient de sortie.

 

À la fin, on oublie les conditions météo

 

Ce qui ne m’empêche pas d’estimer que l’organisation de la course n’a pas suffisamment anticipé ces difficultés. Ça faisait 5 jours qu’on annonçait de la neige à ce niveau-là de la course. Ils ont été capables de redessiner le parcours à la dernière minute, pourquoi ne l’ont-ils pas fait plus tôt ?

 

Ceci étant, le final était quand même praticable, en tout cas pour moi. La preuve, je me suis porté à l’attaque dans les 30 derniers kilomètres et j’ai passé le Poggio, soit la dernière difficulté, avec les favoris : Sagan, Cancellara… les grands étaient là, et j’avais montré que je pouvais les suivre. Difficile d’incriminer les conditions météo avec la forme que je tenais. D’ailleurs, on n’y pense plus. Il y a une ferveur qui fait qu’on oublie ces éléments contraires. On réfléchit plutôt à la meilleure tactique à suivre. C’est ce qu’a fait le vainqueur, Ciolek, qui n’était pourtant pas favori.

 

Moi, je me suis juste retrouvé à court de confiance à un moment, sans ça j’aurais peut-être pu disputer une meilleure place. Finalement, je termine 29e sur 135 à l'arrivée. Je fais souvent des placettes, mais je commence à découvrir mon potentiel. Cette course, les conditions dans lesquelles elle s’est déroulée, tout ça m’a ouvert les yeux.

 

 

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